L’échec d’une nation québécoise

L’échec d’une nation québécoise

31 mai 2019

Par Louis Balthazar

Au cours des années 1960, les francophones québécois ont voulu se désigner comme Québécois plutôt que comme Canadiens français parce qu’ils voulaient, plus ou moins explicitement, s’en remettre à l’État du Québec pour concevoir leur avenir. Cela ne pouvait pas ne pas signifier que leur conception de l’appartenance collective et de leur vie sociale était liée au territoire québécois et à tous ceux qui y vivaient. Il fallait donc apprendre à vivre avec les anglophones et les immigrants. Sans doute fallait-il s’imposer comme majorité, mais il fallait reconnaître les droits des minorités. Il fallait surtout apprendre à dialoguer avec des personnes qui nous paraissaient étrangères à notre société et les inclure dans notre conception du Québec moderne.

Cela ne s’est pas produit instantanément ni facilement. Trop de mauvais souvenirs d’injustices, d’oppressions et aussi trop de vieux préjugés nous amenaient à nous penser encore comme Canadiens français tout en nous disant Québécois, voire à faire l’équation entre le Québec et sa majorité francophone. Mais nous avons fait peu à peu de grands progrès, nous sommes devenus assez confiants en nous-mêmes pour reconnaître les citoyens minoritaires comme des citoyens à part entière et partager avec eux notre vie commune et concevoir avec eux une nouvelle culture publique commune. La création d’un ministère de l’Immigration et l’acquisition d’un contrôle renforcé du choix et de l’accueil des nouveaux venus ont contribué à cette évolution. De même que l’adoption de deux grandes chartes nationales inclusives et complémentaires : la Charte des droits et libertés de 1975 et la Charte de la langue française de 1977.

Article complet, Le Devoir, 29 mai 2019