Obama et la guerre en partage

Obama et la guerre en partage

3 juin 2016

Jonathan Paquin dans Le Devoir du 1er juin dernier.

Sans tambour ni trompette, Barack Obama a battu un record début mai, huit mois seulement avant de quitter la Maison-Blanche : le lauréat du prix Nobel de la paix en 2009 est alors devenu le commandant en chef le plus longtemps en guerre de l’histoire américaine. À l’approche de l’heure des bilans, que retenir de la guerre, façon Obama ? Réponses de Jonathan Paquin, professeur de science politique et directeur du Centre sur la sécurité internationale à l’Université Laval.

Jonathan PaquinTout d’abord, n’est-ce pas étonnant qu’Obama, élu pour sortir les États-Unis des guerres en Afghanistan et en Irak, hérite de ce titre ?

C’est paradoxal. Et malheureusement, ce fait est trompeur, puisqu’il n’exprime en rien la volonté réelle de l’administration Obama. Rappelons que le président démocrate a retiré un très grand nombre de soldats d’Irak et d’Afghanistan : de quelque 150 000 en Irak à l’époque de l’administration Bush, le nombre de soldats est aujourd’hui de 4000 environ. En Afghanistan, il est vrai qu’Obama y a fait bondir le nombre de militaires en 2009 lorsqu’il a mis de l’avant sa stratégie du « sursaut », mais ils sont maintenant moins de 10 000, alors qu’il y en avait 60 000 sous George W. Bush.

Ces deux guerres, faut-il le rappeler, sont entièrement héritées. Et la guerre qu’Obama mène aujourd’hui contre le groupe État islamique (EI) en Syrie et en Irak avec une soixantaine de pays alliés est aussi en lien direct avec l’invasion de l’Irak en 2003. Or d’anciens membres de l’administration Bush refusent toujours de reconnaître ce lien et jettent le blâme sur Obama pour sa mauvaise gestion de la fin de la guerre en 2011.

Cela dit, à la différence de l’administration Bush, la guerre façon Obama est marquée par le recours plus important que jamais aux drones de combat, principalement au Pakistan, en Somalie, au Yémen et en Afghanistan. Cette « guerre à distance » aurait fait au moins 5000 morts sous sa présidence.

Article complet : Le Devoir, 1er juin 2016