Philippe Barla et Étienne Couture, coauteurs d’un article publié dans Canadian Public Policy

Philippe Barla et Étienne Couture, coauteurs d’un article publié dans Canadian Public Policy

6 octobre 2016

Québec, le 26 août 2016 – En 2014, les camions légers (ce qui inclut les SUV) représentaient plus du tiers du parc de véhicules légers au Québec contre moins d’un quart en 2004.  Dans quelle mesure les bas prix de l’essence sont-ils responsables de cet engouement ?  Quelles sont les conséquences sur l’efficacité énergétique du parc québécois ?   Une augmentation des taxes sur l’essence permettrait-elle de renverser cette tendance ?  

Voici quelques-unes des questions auxquelles une équipe de recherche composée du professeur Philippe Barla (U. Laval), Étienne Couture (diplômé de maîtrise en économique de l’UL) et le professeur Mario Samano (HEC-Montréal) tente de répondre dans un article paru en juin de cette année dans la revue Canadian Public Policy.  Les chercheurs ont effectué une analyse statistique de l’impact des fluctuations du prix de l’essence sur la composition des ventes mensuelles de nouveaux véhicules au Québec de 2002 à 2008. 

Leur analyse montre que le prix de l’essence a effectivement un effet statistiquement significatif sur la composition des ventes.  Lorsque le prix de l’essence diminue, les ventes des véhicules plus gourmands (taux de consommation de carburant supérieur à 8,6L/100km) sont stimulées alors que celles des véhicules plus efficaces diminuent.  L’effet est cependant relativement modeste mais comme les fluctuations du prix de l’essence peuvent être majeures, cela aboutit à des changements notables dans la composition des ventes. 

Les chercheurs ont, par exemple, évalué qu’une baisse de 35% du prix réel de l’essence provoque une baisse d’environ 8% de la part des voitures dans les ventes totales de nouveaux véhicules légers alors que celle des camions légers s’accroît de 16% avec comme conséquence une augmentation du taux de consommation moyen de carburant de 3,6% des nouveaux véhicules.  Si on veut limiter la croissance des camions légers, cela prend donc une très bonne augmentation des prix de l’essence.  Le prix réel de l’essence aurait en effet dû doubler de 2002 à 2008 pour empêcher la croissance de la part des camions légers. 

Les chercheurs ont aussi montré que le programme Fédéral ecoAUTO en vigueur de 2006 à 2008, qui accordait un rabais de 1000$ à 2000$ aux acheteurs de véhicules économes et taxait les acheteurs de véhicules inefficaces, a eu un impact minime en réduisant de moins de 1% la consommation moyenne des nouveaux véhicules vendus durant cette période.

En conclusion, si les prix faibles actuels de l’essence favorisent les ventes de camions légers au détriment des voitures, il n’en reste pas moins qu’il existe une tendance de fond vers ce type de véhicules qu’il est difficile de contrecarrer. 

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Sources :
Philippe Barla, Étienne Couture et Mario Samano (2016), Gasoline Prices and Fuel Economy of New Vehicles in Quebec, Canadian Public Policy, Volume 42, Number 2, June/juin 2016, pp. 181-193.  

Philippe Barla
Professeur titulaire
Directeur de l’axe transport du CREATE
Département d’économique
Université Laval
418 -656 7707
philippe.barla@ecn.ulaval.ca