Trois questions à Francesco Cavatorta

Trois questions à Francesco Cavatorta

17 novembre 2017

Sur la démission du premier ministre libanais

Le mystère demeure entier sur le sort de Saad Hariri, le premier ministre libanais, qui a présenté sa démission le 4 novembre, lors d’un séjour surprise en Arabie saoudite. Plusieurs analystes s’interrogent sur la liberté de circulation de cet homme d’affaires qui détient la nationalité saoudienne. Certains experts voient son départ du gouvernement de coalition libanais comme un moyen utilisé par l’Arabie Saoudite pour déstabiliser le Liban et nuire à l’Iran, qui soutient plusieurs ministres libanais appartenant au Hezbollah. L’analyse de Francesco Cavatorta, professeur au Département de science politique.

Francesco CavatortaPourquoi l’Arabie Saoudite accueille-t-elle ou détient-elle le premier ministre démissionnaire Saad Hariri?

Pour l’instant, personne ne sait si Saad Hariri est retenu contre son gré en Arabie Saoudite. Une chose est sûre: sa démission bouscule le système politique libanais, particulièrement précaire. Au Liban, le président doit toujours être un chrétien, le premier ministre un sunnite et le chef du Parlement un chiite. En démissionnant de ses fonctions, Saad Hariri remet en cause ce fragile équilibre, ce qui a des conséquences sur le gouvernement – un gouvernement dans lequel est impliqué le Hezbollah, un allié de l’Iran. La crise politique libanaise actuelle met donc indirectement de la pression sur Téhéran. Elle oblige le gouvernement iranien à garder un œil sur le Liban, alors qu’il est déjà très occupé ailleurs, notamment en Syrie, où il doit soutenir Bachar el-Assad. Une fois encore, les puissances régionales utilisent le Liban pour exprimer leurs rivalités. Ce rôle donné au Liban s’explique par la position géographique du pays, mais aussi par ses composantes multiconfessionnelles.

Article complet : Le fil, 16 novembre 2017