Trudeau, le premier ministre glamour

Trudeau, le premier ministre glamour

8 janvier 2016

Thierry Giasson dans le Journal de Montréal du 20 décembre dernier.

Selfies avec des réfugiés syriens, apparition dans le célèbre magazine Vogue, couverture du Paris Match; le premier ministre Justin Trudeau a été la cible de tous les regards depuis son élection grâce à des mises en scène soigneusement étudiées, analysent des experts en image.

Depuis qu’il est entré en poste, le chef du Parti libéral du Canada fait jaser, et pas seulement au Canada: des publications du monde entier ont fait état de l’image glamour de Justin Trudeau­­.

«Il y a certainement une partie de ça qui est calculée. On donne accès aux journalistes à des moments personnels. Jamais nous n’aurions vu Stephen Harper déguisé à l’Halloween dans les rues d’Ottawa», fait remarquer Jean-François Dumas, président d'Influence­­ Communication.

Selon la firme, le chef libéral a cumulé 363 262 mentions sur Twitter durant le mois qui a suivi son élection. Une période de trois mois avait été nécessaire à l’ex-chef conservateur Stephen Harper pour obtenir le même nombre de mentions.

Personnalisation du PM

Justin Trudeau n’est certainement pas le premier homme politique à laisser entrer les médias dans son intimité. Mais sa stratégie médiatique est fort différente de celle de ses prédécesseurs, souligne Thierry Giasson, professeur de science politique à l’Université Laval.

«Son équipe ne craint pas de le mettre en valeur dans des publications différentes, comme le Vogue. Ce n’est peut-être pas le registre dans lequel on est habitué de voir un politicien.»

«Il n’y a absolument rien d’improvisé derrière ça. On veut montrer que M. Trudeau fait partie des grands de ce monde.»

À double tranchant

Cette «peopolisation» du premier ministre est toutefois une arme à deux tranchants, analyse Bernard Motulsky, de la Chaire de relations publiques et communication marketing de l’UQAM.

«Ça peut se retourner contre lui s’il en fait trop. Des photos ou des mises en scène trop fréquentes pourraient finir par écœurer certains de ses partisans.»

«En attendant, ça lui procure de la popularité. Mais à long terme, gérer, c’est aussi faire des mécontents.»

Source : Le Journal de Montréal, 20 décembre 2015