22 novembre 2023

Heure: 15 h
Lieu: DKN-5128

Description de l'événement

TITRE

« J’ai pas le choix, je dois cueillir ce café pour m’en sortir ! ».

Asymétries de pouvoir et stratégies d’adaptation dans la chaine de valeur du café (Minas Gerais, Brésil)

 

RESUMÉ

Le Sud de l’état de Minas Gerais est la principale région de caféiculture au Brésil, pays lui-même positionné comme producteur et exportateur majeur de café au niveau mondial. Comme la plupart des chaines de valeur agro-alimentaires, la caféiculture mineira connait actuellement une crise de durabilité multi-dimensionnelle. Alors que les aléas climatiques affectent la production à l’échelle locale, l’agro-industrie caféière poursuit la course à l’accumulation de capital tout en incitant à un accroissement de la qualité des grains de café vert. Ce contexte laisse entrevoir des asymétries de pouvoir entre les différents acteurs de la chaine et cause des répercussions écologiques, socio-culturelles et économiques sur les acteurs les moins privilégiés.

Cherchant à identifier les différents acteurs impliqués dans la chaine de valeur du café de la production à la consommation, cette recherche s’intéresse aussi aux dynamiques de participation et de délibération dans la chaine de valeur du café. Quelles sont les relations de pouvoir existantes dans la chaine de valeur du café et comment s’opèrent-elles ? Quelles possibilités de participation et stratégies sont mises en place par les acteurs les moins privilégiés ?

Des vallées de Campo dos Vertentes et de Serra da Mantiqueira (Minas Gerais, Brésil) jusqu’aux points de revente en Suisse et en France, l’enquête anthropologique dans les plantations de café, entrepôts, torréfactions et coffee-shops a permis de saisir les pratiques agricoles et commerciales actuelles des acteurs, autant que leurs représentations sur leurs activités, leur environnement de travail et le devenir de la chaine du café. Si certains acteurs, sensibles aux enjeux écologiques, développent des stratégies de cultures et de commerce non-conventionnelles, la quête de valorisation symbolique auprès des acteurs étrangers et les préoccupations économiques, primordiales pour la majorité des enquêtés, laissent à voir des stratégies de continuité de la monoculture caféière, de diversification d’activités ou des stratégies foncières. A l’inverse de la conscience climatique revendiquée, ces stratégies semblent répondre davantage à la demande des importateurs et consommateurs des pays nord-américains et européens, sur fond de marketing vert, solidaire et de gourmetisation.

 

BIOGRAPHIE

Marie Sigrist est titulaire d'un doctorat en anthropologie sociale et culturelle (Université de Tours, France). Chercheuse dans le groupe AgroEcological Transitions (ETH Zürich, Suisse), elle est actuellement en mobilité académique au Département d’Anthropologie de l’Université Laval. Elle s’intéresse à l'organisation de la chaîne de valeur du café avec une approche socio-anthropologique. Ses recherches précédentes ont porté sur différentes sujets, tels que la patrimonialisation alimentaire dans les Andes équatoriennes ; les dynamiques d’approvisionnement alimentaire en contexte migratoire en France et au Brésil ; et l’usage des transports dans les zones rurales et périurbaines en France.