15 novembre 2018

Heure: 11h30
Lieu: Pavillon De Koninck, local 0450

Description de l'événement

Entre romantisme révolutionnaire et répercussions de la guerre de basse intensité : Écho des groupes autochtones du Chiapas en résistance, vingt-cinq ans après le soulèvement armé des zapatistes

Le 1er janvier 1994, à l’entrée en vigueur de l’Accord de Libre Échange Nord-Américain (ALENA), ce sont des milliers de paysans autochtones de l’Ejército Zapatista de Liberación Nacional (EZLN) qui ont pris les armes pour s’opposer publiquement au gouvernement du Mexique. Mettant rapidement fin à la lutte armée, les zapatistes se sont alors tournés vers des groupes et des organismes solidaires de la société civile nationale et internationale pour porter leurs objectifs révolutionnaires. Dans les premières années suivant le soulèvement armé, l’arrivée massive d’intellectuels, d’universitaires et de militants de la gauche de partout dans le monde a longtemps permis aux groupes rebelles de la région d’assurer les conditions de l’autonomie communautaire qu’ils revendiquaient alors. Cristallisant les principes fondateurs de la résistance autour d’une image romantique de la révolution, les zapatistes ont longtemps pu compter sur la fascination de ces acteurs de la société civile nationale et internationale pour continuer à mener le combat face au gouvernement mexicain.

Toutefois, vingt-cinq  ans  de  « guerre de basse intensité »  plus  tard, les difficultés économiques et politiques croissantes dans plusieurs régions du Chiapas ont contraint de nombreuses populations, autrefois très axées sur le projet zapatiste, à en redéfinir les fondements les plus radicaux. Se réclamant toujours de « la résistance », ces groupes ont pourtant fini par être exclus des réseaux plus classiques des zapatistes pour avoir bénéficié de certaines opportunités économiques offertes par le gouvernement. Le terrain de recherche que j’ai mené dans la municipalité de Chenalhó avec certains de ces groupes m’a toutefois permis d’apporter quelques nuances dans cette distinction entre  « ceux  qui  résistent »  et  « ceux  qui  sont  retournés  avec  le  gouvernement ».  Une  nuance  qui  s’impose aujourd’hui dans un contexte aussi conflictuel que celui de Chenalhó : où ce sont parfois les « anciens compagnons » de lutte qui ont fini par s’affronter.