Soutenance de thèse de Éric Boulé
Heure: 14h
Lieu: Pavillon Charles-De Koninck, local 5325
Description de l'événement
« La postmodernité comme expérience de la fragmentation. Genèse et développement de la transition sociétale à partir d'une lecture des formes esthétiques. »
Résumé
Du point de vue de la théorie de la société, la sortie de la modernité peut se comprendre comme l’abandon d’un idéal d’unité de la société aussi bien que de cohérence de l’expérience subjective de la vie sociale, un idéal qui fut régi et aiguillé par le principe de la raison universelle. En ce sens, et pour dire les choses de manière imagée, on dira que cette sortie de la modernité est un passage progressif de la verticalité vers l’horizontalité; il n’y a plus alors de principe régulateur et transcendant éclairant l’humanité, la tirant vers lui, le point focal ayant disparu. Le sujet postmoderne évolue dorénavant en prenant contact a posteriori avec ce qui se trouve devant lui, hic et nunc, dans l’instant même de sa constitution et à partir du divers environnant. Cette transformation du rapport à la totalité, typique d’une crise, s’imprime et s’inscrit à l’intérieur de toutes les dimensions de la pratique sociale. La dimension esthétique et expressive de la pratique humaine porte donc elle aussi, forcément, l’empreinte de cette érosion progressive du mode d’être de la modernité et elle s’y présente comme effort de mettre fin au régime de la représentation. Sur le plan de l’opération esthétique, cet effort est sans doute l’une des caractéristiques fondamentales de la sortie de la modernité. La mutation postmoderne du mode d’être propre au monde moderne se traduit objectivement par des volontés expressives qui s’actualisent et se manifestent à l’intérieur des œuvres qui s’en font l’écho, comme autant d’efforts de rompre avec la représentation. Il est ainsi possible, et c’est ce que je tenterai de montrer dans cette thèse, de lire les différents moments dialectiques de la transition sociétale postmoderne à partir d’une typologie sélective de propositions formelles d’unité expressive qui visent à remplacer, dans les provocations artistiques adressées à la sensibilité, la fonction unificatrice du référent extérieur, qu’il ait été subjectif ou objectif. Ce sont donc des œuvres (dont je soutiens qu’elles sont archétypales) qui seront examinées ici, des œuvres issues des domaines de l’architecture, de la peinture, de la musique et du cinéma, des œuvres qui serviront à mon effort d’illustrer la nouvelle volonté expressive associée selon moi à la mutation générale de la culture dont est porteuse la postmodernité. L’examen de ces œuvres montrera également qu’un processus de fragmentation est à l’œuvre au cœur du déploiement de la postmodernité; que cette fragmentation « processuelle » devient aussi pour le sujet, dans sa constatation et dans sa ressaisie, une invitation à la libre composition de mondes possibles.
Membres du jury :
Gilles Gagné, directeur de recherche
Département de sociologie, Université Laval
Guy Bellavance, examinateur
Centre Urbanisation Culture Société, Institut national de la recherche scientifique
Louis Jacob, examinateur externe
Département de sociologie, Université du Québec à Montréal
Serge Lacasse, examinateur
Faculté de musique, Université Laval
La soutenance sera sous la présidence de Louis Guay, professeur associé retraité au Département de sociologie de l'Université Laval.