Soutenance de thèse de Karina Soucy
Heure: 14h
Lieu: Pavillon Charles-De Koninck - local 3470
Description de l'événement
Soutenance de thèse de Karina Soucy
« Au-delà de la bonne fermière : habiter le monde rural aujourd’hui. Enquête auprès de femmes au Kamouraska. »
Résumé: Sur la base d’une enquête sociologique menée dans la région du Kamouraska au Québec, cette thèse décrit les résultats d’une étude qui vise le renouvellement de notre connaissance de l’objet rural à travers l’analyse de l’expérience des femmes. L’enquête explore, à partir d’une trentaine d’entretiens compréhensifs, les interprétations du monde rural tel que compris par des individus qui l’habitent, les valeurs qui guident leur choix et influencent l’érection de frontières entre sous-groupes sociaux en fonction de manières d’être et de faire jugées préférables et souhaitables. Ce travail soutient une intuition initiale de recherche, solidement confortée par la suite de l’enquête, qu’étudier un milieu rural dans sa contemporanéité conduit à la complexification des représentations qui lui sont attribuées. Différentes questions ont guidé l’enquête terrain : quelles sont les traces qui agissent sur les interprétations de la ruralité en contexte québécois et, éventuellement sur la structuration de la subjectivité rurale; comment des femmes qui habitent le Kamouraska renégocient la part des legs historiques associés à la ruralité; comment le choix d’un mode de vie rural permet l’actualisation de certaines valeurs, et lesquelles?
Malgré l’affirmation d’un discours critique en réaction à une déconsidération de la ruralité, les femmes rencontrées négocient une (re)valorisation de l’objet rural. En s’attachant au contenu des entretiens menés sur le terrain, se révèle une rhétorique de la perte de la ruralité qui agit et perdure dans les espaces ruraux, mais non pas avec la stabilité d’une théorie déterministe de la culture rurale telle que traditionnellement appréhendée. Ainsi, cette thèse montre en quoi choisir un mode de vie rural assure l’articulation de certaines valeurs chez les femmes du Kamouraska, qui se partagent selon trois grands ensembles : l’usage de la force, du travail et des ressources, l’usage du temps et l’usage de l’idéal rural – compris comme un corpus de représentations associés à l’objet rural. Ce projet doctoral décrit les modalités contemporaines dans lesquelles se déploie le processus de structuration identitaire en rapport au monde rural. Ce dernier a ceci de spécifique, en comparaison à d’autres contextes sociaux, que ce sont des pratiques particulières qui manifestent une stratégie identitaire qui se matérialise dans l’inscription de certains rôles. Au-delà l’expérience individuelle ou collective, ce qu’expliquent les femmes de cette enquête sociologique est que la ruralité se vit comme condition de leur quête de soi. À la représentation de l’individu singulier et émancipé de son milieu, s’ajoutent les injonctions à se définir par soi-même tout en tendant vers un idéal cohérent et authentique, et un mode de vie rural y contribuerait.