1 mai 2018

Heure: 14h
Lieu: Pavillon Charles-De Koninck, local 3470

Description de l'événement

« La Gaspésie dans tous ses États : Grandeurs et misères du développement régional au Québec »

Résumé :

Cette thèse réalise l’étude sociohistorique de la Gaspésie et met en lumière les connaissances sur les difficultés économiques qui ont sévi depuis la Crise des années 1930 à aujourd’hui et jette un éclairage neuf de la réalité gaspésienne. Le deuxième objectif porte un regard critique sur les retombées économiques et sociales des politiques gouvernementales appliquées à la région depuis la Révolution. Nous mettons l’accent sur la portée du lien de causalité existant entre une région reconnue historiquement pour son retard économique et les interventions de l’État dans l’Est du Québec.

Le cœur de la thèse met en évidence les difficultés d’une communauté rurale vivant en marge d’un système de production capitaliste. Pour se protéger, la Gaspésie se place en retrait des régulations étatiques top-down inspirées du BAEQ et appliquées aux régions ressources sans égard à la redistribution vers les plus pauvres. La thèse identifie et explore les idéologies à l’origine des divers modèles de développement (chapitres VI et VII), les actions menées par l’État en régions rurales et nomme les acteurs locaux et nationaux à l’origine d’une pensée alternative (modèle bottom-up), au modèle classique, top-down. Le modèle envisagé pour la Gaspésie laisse croire que l’avenir de la région ne peut advenir en persistant sur la voie néolibérale et sur la notion de prospérité basée sur la croissance des échanges. Nous soutenons dans cette thèse que l’ordre des priorités doit changer. La réorganisation du développement des régions ressources fait appel à d’autres doctrines et à d’autres méthodes.  

Le chapitre VIII, montre l’aptitude d’une région à diagnostiquer son malaise, à regrouper ses énergies et à définir un modèle de développement qui lui convient. Nous mettons en lumière la présence d’une nouvelle praxie sociale chez les artisans du développement. Exclue du développement pendant près d’un siècle, éloignée des innovations technologiques et du machinisme industriel de l’après-guerre, la péninsule est demeurée à l’écart de la prospérité. On explique que l’État, régulateur de l’économie, n’a su s’imposer comme arbitre du bien commun. Les politiques publiques conçues et mises en œuvre n’ont pu endiguer le déclin de la région.

À la manière des historiens, les acteurs sociaux se sont imposé un devoir de mémoire. Ils ont suspendu momentanément le présent, pour faire resurgir le passé. Ce faisant, ils ont ouvert de nouvelles voies d’accès au développement, écrit une nouvelle page d’histoire sur l’avenir de leur région. Une rétrospective pédagogique montrant la portée sociale et politique des luttes, parfois violentes, de la marche des Gaspésiens dans leur quête de justice et d’égalité. La synthèse des témoignages entendus en 2007, 2014, 2015 et 2016, illustre l’enracinement des activités de concertation dans la culture organisationnelle des partenaires socioéconomiques.

Autant de déterminants qui font du territoire local une source de valeur, un lieu de projets, et un emplacement symbolique et matériel du développement. Bref, là où la conception et la mise en œuvre des politiques publiques sont désormais possibles, avec ou sans l’État. Cette thèse veut mettre en évidence l’énergie féconde d’une communauté qui croit en sa bonne étoile. À la manière de Ross, le bâtisseur qui de sa Gaspésie profonde, croyait entendre les pas d’un peuple marchant vers sa libération.

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Membres du jury :

Simon Langlois, directeur de recherche
Département de sociologie, Université Laval

Yvon Gasse, examinateur
Faculté des sciences de l'administration, Université Laval

Jean-François Simard, examinateur
Département des sciences sociales, Université du Québec en Ouatouais

Alain G. Gagnon, examinateur externe
Département de science politique, Université du Québec à Montréal

La soutenance sera sous la présidence de Alain Beaulieu, vice-doyen de la Faculté des études supérieures et postdoctorales de l'Université Laval.