26 juin 2025

Heure: 14h à 16h
Lieu: DKN-3470 et en ligne sur Zoom

Description de l'événement

Une approche actancielle de l’étude de la professionnalisation des campagnes électorales. Le cas des élections municipales québécoises de 2021

Au cours des 20 dernières, la scène municipale québécoise a connu des transformations importantes marquées notamment par une redéfinition de ses pouvoirs et de son importance dans la vie publique, mais aussi par le renouvellement et la professionnalisation des élus locaux. Pendant la même période, les campagnes électorales québécoises et canadiennes ont également connu des changements notables, particulièrement au regard de l’adoption du marketing politique et du recours aux données sur les électeurs à des fins électorales. Dans ce contexte, il est alors pertinent de se demander si les équipes de campagnes municipales ont, elles aussi, suivi la même évolution. 

Cette thèse vise à appliquer un raisonnement actanciel ayant pour cadre théorique le marketing politique afin d’étudier le processus de professionnalisation des campagnes électorales municipales d’un point de vue sociologique (les acteurs), stratégique (leurs motivations) et pratique (leurs actions). Pour se faire, son objectif est non seulement de brosser un portrait des personnes impliquées dans l’élaboration et le déploiement des campagnes municipales, mais aussi d’analyser si leurs pratiques sont conséquentes avec celles jugées les plus sophistiquées (le microciblage politique à des fins électorales). Elle étudie plus précisément le cas des élections municipales québécoises de 2021. Celles-ci représentent un cas d’étude intéressant puisqu’elles se sont déroulées dans un contexte de politisation de ce palier de gouvernement, lequel se manifeste notamment par une prise en importance du rôle des partis dans la joute électorale, par le nombre plus élevé de partis militants ou idéologiques, ainsi que par le renouvellement de la classe politique.

Trois articles composent cette thèse. Le premier consiste en une revue systématique des articles scientifiques portant sur le microciblage politique, suivie d’une analyse thématique des définitions du phénomène présentées dans les écrits recensés. Le second adopte la perspective de la sociologie politique et brosse le portrait des personnes qui agissent comme stratèges au sein des campagnes municipales. Il permet ainsi de documenter le processus de professionnalisation sous l’angle du recours à du personnel qualifié pour l’organisation partisane municipale, mais aussi du type d’expertise mobilisée à des fins électorales. Le troisième et dernier article s’intéresse aux motivations des stratèges en étudiant le recours au microciblage par les campagnes municipales dans quatre des plus grandes villes du Québec. 

Ensemble, ces trois articles contribuent à mieux comprendre le processus de professionnalisation des campagnes municipales québécoises à l’occasion du scrutin de 2021. Les résultats montrent que celle-ci s’observe partiellement sur le plan du recours à l’expertise (les stratèges), et que le phénomène est propre aux plus grandes villes. Les résultats montrent aussi l’absence de microciblage politique, lequel est, dans une perspective de marketing politique, un indicateur de la sophistication des campagnes dont la pertinence est confirmée par le premier article. Ainsi, en dépit des signes d’une politisation certaine de la scène municipale québécoise, les campagnes menées par les candidats locaux et leurs équipes ne présentent que les signes d’une professionnalisation inégale et partielle, surtout observable dans les plus grandes villes. En guise de conclusion, cette thèse propose trois pistes explicatives de cette absence de professionnalisation, et ce malgré la présence (particulièrement dans les grandes villes) de stratèges électoraux expérimentés.

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Membres du jury :

Thierry Giasson
Directeur de thèse
Professeur titulaire
Département de science politique
Université Laval

Eric Montigny
Professeur titulaire
Département de science politique
Université Laval

Yannick Dufresne
Professeur titulaire
Département de science politique
Université Laval

Laurence Bherer
Examinatrice externe
Professeure titulaire
Département de science politique
Université de Montréal

La soutenance sera sous la présidence de Jean-Frédéric Morin, directeur du programme de 3e cycle en science politique.