Ce sont des préoccupations liées à la régulation sociale qui ont présidé, en 1943, à la création du Département des relations industrielles. L'objectif était avant tout de former des personnes qui, sur la base de connaissances communes et multidisciplinaires, seraient en mesure d'analyser objectivement des situations et trouver des solutions aux tensions issues de l'industrialisation. Les valeurs judéo-chrétiennes partagées par le peuple québécois et l'acceptation du libéralisme économique comme mode de développement devaient être les 2 pôles capables d'assurer la stabilité des institutions de régulation mises en place.
Le Département a vu le jour en temps de guerre et il ne faut pas se surprendre alors que les préoccupations de ses fondateurs aient été de former des professionnelles et des professionnels, tant patronaux que syndicaux, qui, faisant surtout appel à la raison et à une même idéologie, seraient en mesure de gérer les conflits du travail et assurer ainsi un rendement optimal du système économique. Aussi, avec le développement du syndicalisme et de la législation du travail, les fonctionnaires devaient être en mesure non seulement d'appliquer avec compétence les lois existantes, mais en préparer de nouvelles pouvant assurer de façon efficace et harmonieuse l'encadrement des rapports du travail. Dans cette perspective, que le premier directeur du Département ait été un sous-ministre du Travail ne tenait pas seulement à des motifs liés à son autorité, à son prestige ou à son expérience reconnue, mais aussi au souci qui prévalait alors de développer des institutions capables d'assurer une stabilité sociale et de former des personnes aptes à en assurer le fonctionnement et le développement. Et comme la réalité du travail est une réalité complexe, on fit appel, dès la fondation, à plusieurs disciplines pour l'appréhender: sociologie, économique, droit, histoire et psychologie. Le Département fut donc, dès ses origines, un département à caractère pluridisciplinaire et il l'est encore aujourd'hui.
Après plus de 60 ans d'histoire, cette approche «institutionnelle», qui fut donnée au Département par ses fondateurs, est toujours bien présente: droit du travail, négociation collective, convention collective, arbitrage de griefs et syndicalisme demeurent des éléments constitutifs de nos programmes d'études et objets de nos recherches. Cependant, bien entendu, l'enseignement et la recherche se sont enrichis du développement des connaissances dans les disciplines qui participent à l'étude des relations industrielles, et nos divers programmes se sont adaptés afin de répondre avec pertinence aux exigences actuelles. C'est ainsi que l'enseignement et la recherche portant sur l'emploi, la formation et la gestion de la main-d'œuvre, la gestion des ressources humaines, le développement de l'entreprise et l'ergonomie se développent à un rythme accéléré avec la constante préoccupation du corps professoral de diffuser, d'une part, les connaissances qui répondent aux exigences actuelles et futures du marché du travail, et de développer, d'autre part, les connaissances qui permettront de mieux comprendre la nature, les exigences et les composantes du «travail» dans nos sociétés contemporaines.
Si les fondateurs du Département et de ses institutions méritent toute notre admiration, soit les Georges-H. Lévesque, Gérard Dion, Gérard Tremblay et Jean-Pierre Després, nous devons aussi rendre hommage au corps enseignant et au personnel administratif qui permettent au Département d'assumer ses hautes responsabilités universitaires et sociales et de lui assurer une reconnaissance internationale.
Nous devons aussi remercier nos milliers de finissantes et finissants qui, par leur compétence et leur implication dans leur milieu respectif, témoignent de la pertinence et de la qualité de la formation reçue au Département des relations industrielles.
Source : Gilles Laflamme, Relations Industrielles , vol. 49, no 1, 1994.