Ces conférences permettent aux étudiantes et étudiants de présenter, souvent pour une première fois, l’avancée de leurs travaux de recherche devant un public hors du cadre d’un séminaire. Le caractère non obligatoire de ces conférences – tant pour les personnes qui présentent que pour les personnes qui assistent – offre aux étudiant-e-s un lieu pour échanger avec leurs collègues, dans un rapport plus horizontal qu’une présentation qui aurait lieu devant un professeur.

Aspects sociologiques remercie les étudiantes et étudiants qui ont accepté de relever le défi de présenter leur projet de recherche. Un grand merci doit également être adressé au RÉSUL pour les collations sucrées offertes lors de cette activité, et au Café chez Pol pour leur don de café.

Jonathan Riendeau a inauguré cette nouvelle série de midis-conférences le 31 janvier, en présentant les recherches qu’il mène pour son mémoire de maitrise dans une conférence intitulée « Le bonheur dans les interactions quotidiennes : un enjeu de reconnaissance sociale ».

Le 8 février dernier, c’était au tour d’Étienne Cantin de présenter les résultats de son mémoire de maitrise fraichement déposé, devant un public composé à la fois d’étudiant-e-s et d’intervenant-e-s du milieu communautaire œuvrant dans la gestion de banques alimentaires. Sa conférence « On s’adapte! Une étude sur les stratégies utilisées pour faire face à l’insécurité alimentaire » a ainsi rejoint des personnes susceptibles de mobiliser ces connaissances dans leur pratique quotidienne sur le terrain.

Le 21 février, Ronan Goualc’h a présenté un point théorique traité dans son examen de synthèse sous le titre « De la consommation de signes à l’esprit du consumérisme moderne : pourquoi acheter ce dont on n’a pas besoin? »

Enfin, le 14 mars, Jovan Guénette a exposé les principaux résultats de son mémoire de maitrise, dont il procède actuellement au dépôt initial, dans sa conférence « Quelles valeurs partagent les travailleurs et travailleuses du mouvement coopératif? ».

Voici les conférences à venir d’ici la fin de la session. Nous espérons vous y voir nombreux et nombreuses!

Postures de savants et positions d’experts : de l’idéal de la vocation à l’engagement dans une carrière

Conférencière : Catherine Dussault
28 mars, 11h30 local DKN-3244

Les transformations historiques des horizons de l’expérience scientifique possible, de ses idéaux, de ses normes et des conditions qui les ont rendues possibles, influencent les manières de définir la figure idéale du scientifique. Un modèle de scientificité est toujours lié à un éthos du scientifique, à une manière de concevoir son rôle en tant que savant ou comme expert, et son engagement vis-à-vis celui-ci. Cet exposé prendra comme point de départ la figure de savant décrite par Weber (1921) qui, par la promotion d’un éthos, doit affirmer son indépendance et son autonomie vis-à-vis les idées, valeurs ou dogmes, et ne se vouer qu’au service des « puissances morales » de la science conçue comme une œuvre de clarté guidant les pratiques à partir de perspectives offertes par l’expérience scientifique. Nous verrons ensuite que les sciences contemporaines, récusant l’autonomie et l’indépendance de la science et du savant, refusent tout modèle séparant strictement le « savant » du « politique » : un fait scientifique ne saurait trouver une légitimation suffisante grâce à la raison. L’expert s’inscrivant dans un champ doit se soumettre aux demandes émergeant de milieux institutionnels économiques, politiques et sociaux, dont la finalité ne semble être autre chose que la production de résultats tirés de l’expérience, devant être communiqués sous la forme de publications. Nous conclurons alors l’exposé en questionnant le sens moral de la science contemporaine.

La critique marcusienne de la modernité

Conférencier : Joaquin Sabat
12 avril, 11h30 local DKN-5325

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la crise du marxisme occidental due d’une part à la déception de plus en plus flagrante face aux « socialismes réalisés » et d’autre part à l’effondrement des références transcendantales caractéristique du contexte de l’après-guerre, reflétait une crise plus profonde des philosophies de l’histoire. Plus rien ne pouvait assurer de manière irréfutable le triomphe du rationnel sur l’irrationnel, de la Révolution sur le capitalisme, et les Grands Récits devant guider l’avènement de l’humanité à elle-même dans l’instauration d’un ordre nouveau et salutaire se trouvaient au pied du mur. La Raison, ce mythe fondateur de la modernité occidentale qui servait auparavant comme fondement de la critique de l’ordre existant, s’était transformée en son contraire : elle cessa d’être le moteur d’un projet humain, moderne et rationnel et devint au contraire le Logos totalitaire d’une société dont la libération et la sujétion la plus totale coexistaient l’une comme la condition de l’autre. À travers les différentes tentatives de Marcuse pour échapper à l’aporie inhérente à cette critique radicale de la Raison se dessine une conception plus globale de la modernité occidentale et de son « malaise ». Cette conférence entend retracer le fil de ces recherches, qui empruntent un chemin hésitant mais audacieux conduisant vers rien de moins que les limites de la modernité elle-même.