Bienvenue à la professeure Marie-Christine Brault
Après une carrière de professeure à l’Université du Québec à Chicoutimi, Marie-Christine Brault vient de rejoindre le département de sociologie de l’Université Laval. Cette enseignante spécialisée en sociologie de l’enfance, du diagnostic et de l’éducation nous parle de son parcours académique ainsi que de ses champs de recherche privilégiés.
Partagez
Bulletin de Sociologie : Bonjour Professeure, pouvez-vous vous présenter à nos abonnés ?
Marie-Christine Brault : Bonjour. Je me m’appelle Marie-Christine Brault. Je suis professeure en sociologie de l’enfance et de la famille. Et je suis aussi titulaire de la Chaire de recherche Antoine-Turmel sur la sociologie historique de l’enfance et de la famille.
B.S. : De quelle(s) université(s) êtes-vous diplômée, professeure Brault ?
M.-C. B. : J’ai fait toutes mes études universitaires à l’Université de Montréal. Après un baccalauréat en psychologie, je me suis inscrite au département de sociologie où j’ai fait la maîtrise, puis le doctorat, avec un intérêt particulier pour la sociologie de l’enfance, du diagnostic et de l’éducation.
B.S. : Quand avez-vous été recrutée à l’Université Laval ?
M.-C. B. : Je suis professeure à l’Université Laval depuis le 1er juin 2023. Mais auparavant, j’étais professeure à l’université du Québec à Chicoutimi de 2015 à 2023.
B.S. : Dans quel département étiez-vous à l’UQÀC ?
M.-C. B. : J’ai débuté ma carrière de professeure en 2015 au Département des sciences humaines et sociales de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQÀC). J’ai été cotitulaire de la chaire institutionnelle UQÀC-Cégep de Jonquière sur la vie et la santé des jeunes (VISAJ : 2016-2023) et titulaire de la Chaire de recherche du Canada de niveau 2 en enfance, médecine et société (CRCEMS : 2021-2023).
B.S. : Trouvez-vous des avantages d’être rattachée au département de sociologie ? y a-t-il des inconvénients ?
M.-C. B. : Oui. Après avoir passé 8 ans comme professeure à l’UQÀC, je suis évidemment contente d’avoir été transférée ici à l’Université Laval. En fait, je suis contente d’avoir des collègues sociologues. Nous sommes 18 ici, au département. C’est vraiment précieux. Je me réjouis également parce que je vais recruter des étudiants pour travailler sur mes projets de recherche. J’espère enfin superviser les travaux de maîtrise et de doctorat. C’est principalement la raison pour laquelle j’ai fait le transfert, parce qu’il n’y avait pas d’étudiants du cycle supérieur en sociologie à l’UQÀC. Aussi, comme je viens de l’université de Montréal, qui est une très grande université, je trouvais que l’UQÀC, c’était tout petit. Donc j’étais contente de venir à l’Université Laval qui est quand même une grande université.
B.S. : Quels sont vos champs de recherche privilégiés ?
M.-C. B. : Actuellement je travaille beaucoup sur l’enfance. J’étudie la médicalisation de l’enfance, ses déclencheurs, ses impacts aussi sur la parentalité et sur la famille. Mes recherches se situent donc entre la sociologie de la santé, la sociologie de l’enfance, et la sociologie de l’éducation. Mon thème principal de recherche, c’est vraiment la médicalisation de l’enfance. En fait, j’étudie depuis plusieurs années le diagnostic du trouble TDAH, c’est-à-dire le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité. Je m’intéresse à ce trouble d’un point de vue sociologique. En effet, ça fait longtemps que le TDAH est étudié comme étant un des meilleurs exemples de médicalisation de la déviance dans l’enfance. Si j’étudie donc le TDAH d’un point de vue sociologique, c’est pour comprendre comment est-ce qu’on en vient à identifier les enfants sous cette catégorie. Je m’intéresse aussi aux impacts du TDAH sur la parentalité. Je mène actuellement des études qualitatives avec des parents qui, au départ, sont réfractaires à aller vers un processus de médicalisation avec leur enfant, alors que c’est fortement recommandé par l’école.
B.S. : Est-ce qu’il y a beaucoup de cas de TDAH au Québec ?
M.-C. B. : Oui, le Québec est la province au Canada où il y a le plus de diagnostic de TDAH et où il y a la plus grande consommation de psychostimulants chez les enfants. Ce qu’il faut savoir, c’est que la plupart du temps, quand les enfants reçoivent un diagnostic, presque toujours, il y a la médication aussi qui est associée comme traitement. Donc moi, dans mes études, j’espère d’abord pointer du droit à ce phénomène parce qu’on en parle peu.
B.S. : Et quelles peuvent être les causes principales du TDAH ?
M.-C. B. : La principale cause s’avère définitivement la pression de performance dans le milieu scolaire. Il y a aussi tout ce qui est prévention précoce prédictive des difficultés des enfants. Donc on veut prévenir plus tôt que trop tard. Ce qui fait qu’on identifie aussi peut-être des enfants qui ne devraient pas être identifiés. Il y a enfin bon nombre de problèmes au niveau des ressources à l’école. C’est très difficile d’avoir des services si on n’a pas de diagnostic. De plus, les parents ont beaucoup de pression pour amener l’enfant à développer son plein potentiel entre autres.
B.S. : Avez-vous des subventions pour votre recherche ?
M.-C. B. : Oui, mes travaux de recherche ont été subventionnés par le FRQSC et par le CRSH. Je reçois aussi des subventions de la Fondation Antoine Turmel pour la chaire de recherche dont je suis titulaire en ce moment.
B.S. : Et sur quoi portent vos projets d’écriture actuellement ?
M.-C. B. : J’ai beaucoup d’articles scientifiques à écrire en lien avec les données que j’ai collectées. Ce sont notamment les textes sur le processus de médicalisation. Je cherche à répondre aux questions de savoir comment le processus de médicalisation se déploie réellement à l’école et comment les familles s’insèrent concrètement dans le déploiement de ce processus. Je m’intéresse aussi aux rapports entre médicalisation et neurodiversité. Parce qu’on peut penser que la neurodiversité va amener une réduction de la médicalisation, et qu’on va peut-être valoriser différents types cognitifs, sans aller nécessairement vers une approche médicale des différences chez les enfants. Par ailleurs, je prépare un chapitre de livre sur comment faire de la recherche avec des enfants. Il s’agit du résultat d’un sondage que j’ai fait avec les enfants.
B.S. : Quels cours enseignez-vous actuellement ?
M.-C. B. : À l’automne dernier, j’ai enseigné le cours sociologie de la famille et de la parentalité. Cet hiver, j’enseigne un cours d’analyse quantitative. L’an prochain, ça va être sociologie de la famille. Puis je vais avoir un nouveau cours qui pour l’instant est intitulé Médicalisation, enfance et maternité. Mais le titre pourrait peut-être être appelé à changer.
B.S. : Alors, comment vous envisagez l’avenir à court et à long terme, ici au département ?
M.-C. B. : À court terme, je veux vraiment mettre sur pied la Chaire de recherche. Donc ça va être dans mes plans pour cette année. L’année prochaine c’est vraiment déployer la chaire de recherche, donc la faire connaître, avoir une visibilité aussi, contribuer par des conférences peut-être, bref une certaine animation de la chaire. À long terme, à part l’enseignement et les activités de la Chaire, j’aimerais aussi avoir des étudiants à accompagner, des étudiants à superviser d’abord à la maîtrise, et ensuite au doctorat. Cela manque beaucoup à mon parcours.
B.S. : Professeure Marie-Christine Brault, merci.