Bilan de la maîtrise avec stage de recherche
Quelques étudiant(e)s ont récemment terminé leur stage dans le cadre du nouveau profil de maîtrise avec stage de recherche en sociologie. Le Bulletin s'est entretenu avec trois d'entre eux, Annie Grégoire-Gauthier, Chloé Beernaerts et Jean-Philippe Beauregard, afin de connaître leurs premières impressions sur cette expérience.
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Chez les deux étudiantes et l'étudiant interrogés, c'est d'abord le désir d'avoir une expérience concrète de travail de recherche qui les a poussé(e)s à choisir la maîtrise avec stage. La possibilité de terminer dans des délais plus courts a aussi pesé dans la balance pour Annie et Jean-Philippe. « La maîtrise avec stage est, à mon avis, plus intense et plus concentrée, mais permet de terminer plus rapidement et de garder un niveau de motivation élevée tout au long du parcours », explique Annie, qui a aussi grandement apprécié le fait d'être entourée d'une équipe.
Jean-Philippe, pour sa part, avait déjà entamé une maîtrise avec mémoire dans le passé à l'UQÀM. Maintenant enseignant en sociologie au Cégep de Limoilou, il a pris un congé d'un an pour compléter ses études à l'Université Laval. La maîtrise avec stage de recherche lui a donc semblé plus intéressante : « Dans le cas d'un mémoire, il m'aurait fallu tout recommencer, trouver un directeur, un nouveau sujet... Avec le stage, ça permettait de faire ça à l'intérieur du temps de ma libération. »
Expériences variées et autonomie
Leurs milieux de stage sont très variés. Jean-Philippe s'est retrouvé à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) à travailler sur un projet de recherche sur les conditions à la retraite des membres syndiqués.
De son côté, Annie-Grégoire-Gauthier a pu intégrer une équipe de recherche de la Chaire Claire-Bonenfant, à l'Université Laval, où elle a travaillé sur une enquête menée auprès des femmes entrepreneures immigrantes issues de trois communautés ethniques à Québec. « Ma tâche a été de me replonger dans les entrevues, qui sont assez substantives, et de voir ce qui en ressort selon une perspective sociologique », précise Annie. Le département a été d'une grande aide dans ses recherches puisque celui-ci et la Chaire avaient déjà de bons liens. Pour Jean-Philippe, c'est un coup de pouce de son directeur de stage qui lui a également permis d'entrer à la CSQ.
Chloé Beernaerts, quant à elle, avait déjà en tête de faire son stage au Maroc, elle a donc entrepris les démarches en ce sens: « J'ai tout pris en main bien que le service de stage ait proposé son aide, explique-t-elle. J'ai principalement envoyé des courriels et des CV à différents centres de recherche marocains qui m'intéressaient et j'ai attendu les réponses. » Elle a finalement complété son stage à l'Université de Droit Mohammed V, où elle a travaillé sous la supervision du directeur de la Chaire de l'UNESCO des Droits de l'Homme. « Mon sujet principal était le droit des femmes au Maroc à partir du 21e siècle jusqu'à aujourd'hui, décrit Chloé. J'ai réalisé cette recherche comme une thèse, c'est-à-dire que, seule, je progressais petit à petit. »
Chacun d'entre eux a grandement apprécié son expérience de stage et tous s'accordent pour dire que cela a été très formateur. « La Chaire de recherche est une plaque centrale des études féministes à l'Université. Par conséquent, plusieurs chercheur(e)s et professeur(e)s y transitent régulièrement. [...] J'ai été en contact avec des gens me permettant de constamment pousser plus loin mes réflexions », souligne Annie.
L'expérience a été d'autant plus enrichissante que les différents milieux ont tous laissé une grande autonomie aux stagiaires dans leur recherche. Un point qui peut sembler déstabilisant au départ, admettent-ils, mais qui permet de réellement s'initier à la réalité du travail de chercheur. « J'ai aimé pouvoir mener moi-même ma recherche et avoir le champ libre », avoue Chloé. Toutefois, Jean-Philippe concède qu'un étudiant ayant eu moins d'expérience que lui aurait peut-être eu besoin d'un peu plus de supervision. Annie, pour sa part, a beaucoup apprécié l'autonomie accordée, mais tenait aussi à remercier sa directrice, Sylvie Lacombe, pour le grand soutien apporté tout au long de son stage.
Aussi, au regard de leurs expériences de stages, leur formation antérieure en sociologie leur a semblé les avoir bien préparé(e)s au travail de recherche. Sur ce point, Annie souligne d'ailleurs l'apport qu'elle a eu dans le contexte d'une équipe multidisciplinaire : « Comme mes collègues à la Chaire n'étaient pas dans le domaine de la sociologie, ma perspective a semblé être appréciée et m'a permis de faire ma place au sein de l'équipe de recherche. »
Et pour la suite ?
Aucun des stages de ces trois étudiants n'a débouché sur un emploi directement, mais cela leur a néanmoins permis d'établir des contacts professionnels et de connaître davantage ce qui les intéresse. Ainsi, Chloé a choisi de compléter ses études par une année à l'Université Paris-Diderot pour étudier les migrations et les relations interethniques. Ensuite, elle s'engagera dans une maîtrise avec stage axée sur la gestion de projets. « Ainsi, en plus de la recherche, j'aurai cette nouvelle compétence de gestion qui va m'aider à élargir mon avenir professionnel », termine-t-elle.
Annie doit pour le moment terminer sa scolarité de maîtrise, mais réfléchit à la possibilité de poursuivre au 3e cycle. Jean-Philippe, lui, a eu la piqûre pour la recherche grâce à son passage à la CSQ, au point où il entame cet automne son doctorat, poursuivant sur le thème du travail avec celui qui a aussi été son directeur de stage, Daniel Mercure.