Nathalie Gagnon est candidate au doctorat en sociologie à l’Université Laval. Elle détient une maîtrise en communication publique de la même institution, ainsi qu’un Prix avec grande distinction (2e cycle universitaire) en musique du Conservatoire de musique de Rimouski. Son parcours, on le comprend, diversifié, l’amène à développer un intérêt pour les interactions sociales, la structuration sociale et les formes du pouvoir et de l’influence. Les recherches de Nathalie sont indéniablement teintées de ces multiples expériences aux univers sociaux variés. 

Sophie Marois est étudiante à la maîtrise en sociologie à l’Université Laval. Ses principaux intérêts de recherche concernent le genre, les migrations et la justice. Dans le cadre du Laboratoire de recherche en sociologie, elle s’est intéressée aux parcours migratoires de couples qui s’installent dans la région de Québec avec des permis de travail temporaire. Son mémoire de maîtrise porte, quant à lui, sur l’émergence et la prolifération des tribunaux adaptés, des dispositifs qui combinent des stratégies d’accompagnement juridique et thérapeutique afin de proposer une alternative au système de justice traditionnel. Elle souhaite contribuer à la compréhension des métamorphoses du contrôle social dans les centres urbains.

Nathalie et Sophie sont chacune directrice d’un des derniers numéros de la revue Aspects sociologiques publiés à l’automne 2020. Lors du lancement du 27 novembre, un événement particulièrement attendu par les contributeurs, contributrices et le comité exécutif de la revue, elles sont revenues sur les grandes étapes de l’expérience de direction. Il en est ressorti que l’exercice s’est voulu formateur, que ce soit d’un point de vue scientifique ou humain. Nous avons cherché à en savoir davantage et leur avons posé quelques questions.

Comment définiriez-vous le numéro que vous avez dirigé ?  

Nathalie : La direction d’un numéro a été une première expérience qui s’est finalement révélée une aventure de gestion de projet. Il a été plus que nécessaire d’être bien structurée afin de faire face aux remises en question continuelles. Lorsque j’ai fait l’appel de textes, mon invitation se situait dans les limites de la sociologie des organisations. J’ai élargi ces frontières à mesure que le recrutement se prolongeait. Il m’a fallu revoir le concept d’organisation d’un point de vue beaucoup plus macrosociologique. Je suis contente, au final, de cet élargissement, car je suis d’avis que « l’organisation » du social est un phénomène qui dépasse largement les cadres de l’entreprise privée ou de l’administration publique, tout en révélant des similitudes dans sa constitution et les interactions qui s’y déroulent. En effet, des êtres humains s’organisent en des entités plus ou moins formelles, se donnent un objectif, interagissent sous des normes ou des règles plus ou moins tacites. Des relations de pouvoir s’instaurent, au sein de l’organisation et entre elle et d’autres entités sociales. Des représentations et des discours cimentent leur regroupement et soutiennent leurs visées. C’est bien ce type de phénomène que les auteurs du numéro couvrent, à divers degrés et selon l’un des deux points de vue de la lorgnette : micro ou macro.

Sophie : « Figures contemporaines des familles et des couples » est un numéro qui se veut « Collectif, pluriel, et d’actualité ». En effet, si le numéro a été entrepris à l’hiver 2019, il s’est complété au courant du printemps 2020, dans le contexte de la propagation mondiale de la COVID-19. Le premier confinement a été un moment très particulier pour clôturer un tel que le nôtre, dans la mesure où plusieurs des enjeux familiaux soulevés au cours des derniers mois réaffirmaient l’actualité des contributions.

Quel a été votre principal défi dans la direction du numéro? 

Nathalie : Mon principal défi a été sans contredit le recrutement de textes. Il appert que certains thèmes sont plus populaires que d’autres ou, disons, plus adossés au contexte social actuel et sont du même coup des champs d’études privilégiés. Quand on parle de sociologie des organisations ou même des organisations dans un sens large, on voit d’emblée que le thème est moins prisé par les étudiants. Le recrutement en a donc été d’autant plus difficile, même si les appels ont été transmis à de nombreuses universités. Certains étudiants sollicités n’étaient pas non plus dans une période propice à fournir un texte abouti ou avaient d’autres projets à ce moment. L’appel de texte s’est donc prolongé, repoussant par la même occasion tout l’échéancier. Les auteurs ont donc été bien patients jusqu’à la livraison finale du numéro et je les en remercie! 

Le processus de publication d'un numéro d'Aspects sociologiques est un travail de longue haleine. Comment avez-vous trouvé la motivation pour poursuivre ce projet?  

Sophie: La préparation d’un numéro d’Aspects sociologiques est effectivement un travail de longue haleine, duquel on peut apprendre beaucoup! Au début de mon implication comme directrice, j’étais motivée par l’idée de me familiariser avec le processus d’édition et de publication académique. Puis, au fur et à mesure que j’ai pu compter sur l’assiduité, la disponibilité, et l’engagement des auteurs et autrices du numéro. J’ai voulu que le résultat final soit à la hauteur de leur dynamisme. Dans les étapes de finition, c’est surtout cet objectif que j’avais en tête : rendre honneur à leur travail.

Quels conseils pourriez-vous donner à une personne qui voudrait diriger un numéro d’Aspects sociologiques? 

Nathalie : D’après mon expérience avec le recrutement, j’invite toute personne intéressée par l’aventure à d’abord se bâtir un bon réseau de contacts ayant des intérêts de recherche similaires, autant dans le département de sa propre université que dans les autres. Déjà, de savoir qui travaille sur quoi permet de se donner un aperçu du succès de recrutement. Ensuite, si on a l’intention de se lancer : en parler! Ainsi, les auteurs et autrices potentiels peuvent prévoir cette possibilité dans leur plan de travail. Enfin, rien de mieux que de se préparer un plan d’action et un échéancier (réaliste!) et de s’y tenir le plus possible, en tenant compte des périodes chargées (fins de session, été, etc.). Il est tellement facile de procrastiner ou de se retrouver envahis de travail… 

Sophie : Mon premier conseil serait de se lancer! ;-) La pérennité de notre revue dépend de l’implication et de la créativité des cohortes du département. J’encouragerais aussi cette personne à s’entourer d’une équipe rigoureuse et motivée, à ne pas hésiter à solliciter le soutien de ses pairs et du corps professoral. Ces moments de collaboration sont essentiels à la démarche intellectuelle et sont ceux que je retiens comme ayant été les plus enrichissants.

 

La revue Aspects sociologiques invite toute(s) personnes(s) ayant une idée de numéro et intéressée(s) à le diriger avec le soutien de l’équipe exécutive à écrire à  aspects@soc.ulaval.ca. Vous pouvez également visiter le site web de la revue et sa page Facebook.