Le débat relatif aux codes vestimentaires scolaires est toujours d’actualité dans la société québécoise. Les questions que soulèvent ces codes dans l’opinion ne cessent d’interroger l’opportunité de ces règles qu’on dit « sexistes » et « discriminatoires ». Et « les filles en ont assez »,   peut-on lire dans Le Soleil du 20 mai 2022. En effet, dans l’article « Cachez ce ventre, ces cuisses et ces épaules », Élisabeth Fleury s’est intéressée aux frustrations des filles à l’égard de règles vestimentaires. C’est dans ce cadre qu’elle a fait intervenir Rose Moisan-Paquet dont le mémoire de maîtrise portait justement sur ces codes vestimentaires dans les écoles secondaires publiques québécoises. Ce mémoire intitulé « Expériences et perceptions des filles à l’égard des codes vestimentaires des écoles secondaires publiques québécoises », est à la fois le fruit d’une analyse de contenu desdits codes vestimentaires, mais aussi le résultat d’entrevues auprès des filles concernées par ces codes. Et pour la doctorante en sociologie, les filles sont très conscientes que les politiques qui régulent et sanctionnent leurs vêtements et leur corps dans l’espace scolaire sont « obsolètes, injustes et discriminatoires », cite Le Soleil.

L’écho de ce mémoire est également présent dans La Presse du 20 mai 2022. Dans l’article « Les conséquences du code vestimentaire au cœur d’un mémoire », Maude Goyer revient sur les points saillants de la contribution de Rose Moisan-Paquet, pour qui les règles des codes vestimentaires scolaires visent plutôt les vêtements qui sont jugés typiquement « féminins ». À en croire Maude Goyer, l’étudiante en sociologie fait remarquer que les mots choisis pour traduire ces codes vestimentaires sont souvent flous. Par conséquent, ils laissent place à l’interprétation et ouvrent la porte à une application subjective des règles. Car, si ce code vestimentaire est théoriquement conçu pour tous les élèves, son application montre qu’il sert plutôt à « contrôler le corps des filles dans l’espace public ».

Par ailleurs, dans l’émission « Des matins en or » du 24 mai 2022 sur RDI, on peut suivre l’interview accordée à Rose Moisan-Paquet, où elle laisse entendre que les règles édictées en faveur des vêtements décents, propres ou convenables restent très vagues car tout le monde n’a pas la même compréhension de ce que ces règles énoncent. Et pour elle, « Quand on s’attarde vraiment à ces règles-là, on se rend compte que ce sont les vêtements qui sont jugés typiquement féminins, entre guillemets, qui sont visés par le code vestimentaire scolaire. C’est la même chose lorsque les politiques vont formuler des règles qui visent plutôt les parties du corps, donc quand on dit qu’on ne doit pas voir les épaules [nues], qu’on doit [couvrir] une superficie de cuisse acceptable, ça revient à politiser le corps des filles », peut-on entendre dans l’enregistrement.

Enfin, dans sa lettre d’opinion signée dans Le Devoir du 26 mai 2022, Rose Moisan-Paquet est d’avis que les instances scolaires devraient prendre une posture d’écoute à l’endroit de ces filles qui dénoncent des politiques vestimentaires à la fois injustes et humiliantes. Pour elle, la parole de ces filles-là devrait être valorisée, comprise, en vue de « mettre en place des changements qui participeront à la mise en œuvre d’un milieu scolaire plus égalitaire ». Car, d’après les études qu’elle a faites,  Rose Moisan-Paquet relève que les participantes « ont toutes souligné l’humiliation et le sentiment d’injustice qu’elles ressentent face à l’application arbitraire de règles qu’elles jugent à la fois sexistes et dépassées ».