Nouveau numéro de Recherches sociographiques
Sans être proprement thématique, le no 3 du vol. LVIII (2017) de Recherches sociographiques présente tout de même une certaine unité car tous ses articles, sauf un, se rattachent soit à la jeunesse soit au monde de l’éducation. L’article de Jean-François Laniel revient, en la renouvelant, sur la question des relations entre les communautés francophones au Québec et dans les provinces canadiennes. Proposant un cadre d’analyse synthétique qui prend en compte la dynamique identitaire et politique, il examine ces relations à l’aune des concepts de nationalisme transfrontalier et d’État-Parent (Kin-State). Cette approche met en exergue les dilemmes qu’engendre la fragmentation de l’espace (post) canadien-français.
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Christian Maroy et Pierre Canisius Kamanzi montrent quant à eux que la stratification de l’enseignement secondaire au Québec influe sur les inégalités d’accès à l’université. Les élèves ayant fréquenté des classes « régulières » dans les écoles publiques sont en effet nettement moins susceptibles d’accéder à l’université que leurs pairs des établissements privés ou inscrits dans des classes enrichies d’établissements publics. Les auteurs avancent une double hypothèse pour expliquer ces résultats : d’une part, la stratification est porteuse d’inégalités de conditions de scolarisation entre les élèves, et d’autre part, elle favorise institutionnellement des cheminements scolaires différenciés entre les élèves.
Dans son étude de la Journée mondiale de la Jeunesse (JMJ) de 2002, où le Canada a été le pays hôte, Charles Mercier décrit comment les évêques du Canada se sont approprié ce dispositif conçu à Rome. Son analyse des dynamiques centre-périphéries dans le monde catholique à travers les rapports entre les évêques canadiens et la curie romaine met ainsi en perspective la gestion de la JMJ aux niveaux fédéral et provincial.
Les métèques grondent dans la Cité de Daniel Poitras étudie l’impact des étudiants étrangers à l’Université de Montréal sur les pratiques syndicales, institutionnelles et d’inclusion des étudiants québécois les plus engagés, i.e. ceux qui s’impliquent dans l’association étudiante de cette université ou dans le journal étudiant Quartier latin. Il décortique les stratégies des étudiants étrangers pour faire valoir leurs points de vue et, au sein de leur propre association, s’approprier le discours revendicatif et participer à la politique étudiante. L’association des étudiants étrangers s’imposera en caisse de résonnance pour des enjeux comme l’antiracisme, la décolonisation, l’intégration culturelle et la place du Québec dans la francophonie.
L’article d’Olivier Lemieux, Abdoulaye Anne et Jean-François Caron utilise l’analyse des groupes d’intérêt pour comprendre la dynamique du jeu de pouvoir entre les acteurs de la réforme du programme d’Histoire et éducation à la citoyenneté de deuxième cycle du secondaire au Québec, et montre par là toute la pertinence de cet outil dans l’analyse des politiques éducatives.
À ces 5 articles s’ajoutent trois notes critiques par Andrée Fortin (« La banlieue comme chantier littéraire »), Leslie Choquette (« L’adaptation, concept-clé pour la compréhension de la francophonie nord-américaine? ») et Frédéric Boily (« Le Canada français au prisme de l’histoire et du politique »), ainsi que son lot habituel de comptes rendus.
Bonne lecture à tou.te.s
Sylvie Lacombe, directrice et rédactrice
Recherches sociographiques
Téléphone : (418) 656-2131 poste 5319
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