Corriveau, Marie-Ève, mémoire de maîtrise

La signification du travail des travailleurs handicapés embauchés dans les entreprises adaptées de la Capitale-Nationale
Direction de recherche: Charles Fleury

Résumé: Nous vivons dans une société fondée sur le travail. Modelé par elle, l'individu est incité à remplir un rôle utile et reconnu et ce, par le travail. Mais qu'arrive-t-il lorsqu'un individu ne répond pas aux normes sociétales valorisant l'homme productif ? L'absence de travail peut créer un sentiment d'exclusion sociale. Ce sentiment s'explique par le fait que le travail occupe une place très importante dans notre société. Dans le cadre de ce mémoire, nous nous sommes intéressés aux personnes handicapées qui sont, souvent, dans une situation de non-emploi. Par contre, depuis les années 1970, le Québec tente d'intégrer socialement ces personnes qui sont davantage en situation d'exclusion. La société s'adapte et tente de répondre aux besoins de ce groupe. Ainsi, nous nous sommes intéressés aux entreprises adaptées puisqu'elles permettent à des gens en situation de handicap d'occuper un emploi à long terme. Nous avons cherché à comprendre ce qui incitait les personnes handicapées à travailler. Pour mener à bien ce projet, nous avons effectué des groupes de discussion pour étudier l'ethos du travail auprès des travailleurs handicapés embauchés dans les entreprises adaptées de la Capitale-Nationale. L'objectif général était de saisir l'ethos du travail selon la tradition sociologique héritée par Max Weber. Ainsi, nous voulions saisir la centralité, la finalité et l'attitude à l'égard des normes sociétales auprès de ces travailleurs. Concrètement, nous avons cherché à savoir si les ethos développés par Mercure et Vultur (2010) s'appliquaient aux travailleurs handicapés.

Harton, Marie-Ève, thèse de doctorat

Familles, communautés et industrialisation en Amérique du Nord : reproduction familiale canadienne-française à Québec et à Manchester (New Hampshire) au tournant du XXe siècle
Direction de recherche : Richard Marcoux et Lisa Dillon

Résumé: Bien qu'aujourd'hui le Québec soit reconnu pour son faible taux de fécondité, le Québec d'autrefois porte davantage l'étiquette de « terroir fertile ». Force est néanmoins de constater que l'image d'une population canadienne-française homogène caractérisée par un mode de reproduction spécifique fut davantage l'apanage des discours des élites (Gauvreau et coll. 2007; Gossage et Gauvreau, 1999) qu'une réalité typiquement canadienne-française (Lavigne, 1983; Bouchard et Lalou, 1993; Gossage, 1999b; Gauvreau et Gossage, 2001; Gauvreau et coll., 2007a; Marcoux, 2010). Cette thèse a pour objectif principal d'apporter une contribution à ce courant de recherche en élargissant l'espace-temps des études déjà menées sur la fécondité canadienne-française et québécoise dans le but d'illustrer les variations des régimes démographiques, et ce, avant le déclin généralisé de la fécondité dans les années 1920 (Gauvreau et coll., 2007a). Cette étude s'inscrit dans un courant de recherche qui vise à analyser les comportements de fécondité en tant que phénomène social complexe dont l'étude des principales transformations relève d'une analyse du changement social (Gaffield, 1991; Bouchard, 1996; Szreter, 1996; McQuillan 1999; Beaujot, 2000; Praz, 2005; Gauvreau et collab., 2007a; Marcoux et St-Hilaire, 2008; Marcoux, 2009; Olson et Thornton, 2011). À l'instar des travaux de Gaffield (1991) et de Praz (2005), elle recadre les comportements de fécondité au sein de la reproduction familiale prise au sens large et examine les mécanismes par le biais desquels s'opère l'articulation des sphères de production et de reproduction au sein des ménages. La thèse suggère que les ressorts de l'industrialisation ont constitué un vecteur de changement social au tournant du XXe siècle par le biais de la diversification des comportements de fécondité canadiens-français à l'échelle nord-américaine. À partir de l'étude approfondie de deux milieux urbains contrastés, elle montre que les Canadiens français ont des comportements reproducteurs différents d'un milieu à l'autre et que cette tendance s'accentue entre 1880-81 et 1910-11. Qui plus est, des différences sont également perceptibles au sein de chaque milieu entre les différentes sous-populations canadiennes-françaises. En recadrant les comportements de fécondité effective au sein de la reproduction familiale, la thèse met en évidence l'influence des rapports de genre et de génération sur l'articulation entre la production et la reproduction. La thèse révèle que ces rapports sont construits dans des conditions spécifiques qui permettent d'expliquer les variations des modes de reproduction. Enfin, l'analyse fait ressortir l'imbrication de l'influence des facteurs structurels et culturels sur les comportements reproducteurs et elle montre comment leur institutionnalisation diffère d'un milieu à l'autre. Au terme de l'exercice, cette thèse apporte un nouvel éclairage sur les modèles reproducteurs canadiens-français. Elle élargit l'espace-temps des principales études menées à ce jour en plus de contribuer à la réflexion épistémologique et méthodologique sur le sujet.

Leclerc, Typhaine, mémoire de maîtrise

Parler politique : potentiel et limites des pratiques encadrant le partage de la parole à l'Association pour une solidarité syndicale étudiante
Direction de recherche : Madeleine Pastinelli

Résumé: Malgré leurs bonnes intentions, les groupes progressistes reproduisent des inégalités sociales dans leur structure interne. Même dans les groupes qui ont intégré des pratiques (pro)féministes à leur fonctionnement, on observe une inégalité parfois flagrante dans les prises de parole des hommes et des femmes et en fonction d’autres facteurs socioéconomiques. L’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) utilise plusieurs mesures visant à rééquilibrer le partage de la parole, notamment l’alternance homme-femme, la garde du senti, les caucus non mixtes et les instances non mixtes. J’ai réalisé douze entretiens semi-directifs avec des personnes ayant milité à l’ASSÉ afin de mieux comprendre comment elles jugent la pertinence et l’efficacité de ces pratiques. Si toutes estiment qu’elles facilitent la prise de parole des femmes sur le plan individuel, hommes et femmes ont toutefois des opinions divergentes par rapport à leur potentiel transformateur et émancipateur. Les hommes tendent à souligner les effets de resocialisation ou de contre-socialisation de ces mesures alors que les femmes abordent davantage leurs limites. Elles estiment que les mesures utilisées à l’ASSÉ ne suffisent pas à remettre en question la division genrée du travail militant qui y prévaut. À partir des données recueillies, il est possible d’affirmer que les coûts et les bénéfices liés à ces pratiques sont différenciés selon le genre. Bien qu’elles soient conçues pour favoriser la prise de parole des femmes, elles offrent des bénéfices symboliques et matériels aux hommes. Les femmes, responsables du travail de justification de ces pratiques, de leur application et, plus largement, des revendications et analyses féministes dans l’organisation, déplorent que ce travail invisibilisé et sous-valorisé les empêche de se concentrer sur des tâches « politiques ». J’explore le potentiel des pratiques encadrant le partage de la parole pour éclairer la nature politique du travail d’écoute, de care et d’organisation accompli par les femmes, à l’ASSÉ et ailleurs.