Trois questions à Gordon Mace

31 janvier 2019

Sur la situation au Venezuela

La situation demeure confuse au Venezuela où Nicolas Maduro maintient la ligne dure face à Juan Guaido, qui s’est proclamé nouveau président le 23 janvier dernier, lors d’une énorme manifestation. Les États-Unis et le Canada l’ont aussitôt reconnu. L’actuel président de l’Assemblée nationale dénonce la réélection du successeur d’Hugo Chavez et réclame des élections d’ici un mois. Selon Gordon Mace, directeur honoraire du Centre d’études interaméricaines de l’Université Laval, c’est l’armée qui détient maintenant la clef de l’avenir du pays.

Comment expliquer que Juan Guaido ait pu bénéficier d’une reconnaissance aussi rapide notamment de la part des États-Unis et du Canada ?

J’ai l’impression que beaucoup de discussions ont eu lieu en coulisses, avant même la grande manifestation du 23 janvier. Selon certaines sources, la ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, se serait discrètement entretenue avec Juan Guaido début janvier. Il faut dire que le Canada appartient au groupe de Lima – où siègent notamment le Brésil, le Chili, l’Argentine et la Colombie – et que ces pays n’ont pas reconnu la réélection de Nicolas Maduro. Cela dit, avant Noël, personne à l’extérieur du Venezuela ne connaissait ce jeune politicien de 35 ans. Celui-ci a été très marqué par le manque de réaction du président Chavez en 1999, lorsque des milliers de personnes sont mortes lors d’un glissement de terrain dans sa province d’origine. Vers 2010, il se joint au parti de Leopoldo Lopez, Voluntad popular, et devient membre du congrès en 2015. Peu après, Lopez et Henrique Capriles, les deux principaux chefs d’opposition, sont déclarés inéligibles. L’Assemblée nationale le voit alors comme un représentant neutre, car il n’a pas participé aux très nombreux conflits internes au sein de l’opposition. Cela explique sans doute sa montée fulgurante.

Article complet, Le fil, 28 janvier 2019